sábado, 17 de septiembre de 2011

L'U.R.S.S. et le problème du nouveau parti-bilan-1933-1100

L'U.R.S.S. et le problème du nouveau parti

Au fond, toutes les contradictions du camarade Trotsky s'expliquent par son erreur sur la perspective générale qu'il prône encore. Le travail de l'Opposition Internationale de Gauche, inspiré directement par le camarade Trotsky, se basait sur l'U.R.S.S. en tant que pôle de concentration du prolétariat mondial. De la nature prolétarienne de l'État russe, on faisait découler la perspective fatale d'un bloc universel du capitalisme pour la guerre contre l'Union Soviétique. Le devoir des oppositionnels dains tous les pays était la défense de l'U.R.S.S. contre cette attaque impérialiste inévitable et leur place, dans cette guerre, était aux avant-postes pour la défense de l'État soviétique.
Toute la politique de «redressement» des partis communistes était fondée sur la vision de la lutte du prolétariat russe contre le centrisme incapable d'assumer la défense de l'État ouvrier. Ce qui aurait déterminé les conditions favorables au «redressement» des partis communistes. On peut dire que toutes les scissions qui se sont vérifiées au sein de l'Opposition internationale de Gauche ont eu pour cause des dissentiments sur la question russe. Le camarade Trotsky, procédant à toute cette série de scissions, croyait, évidemment, réaliser ainsi, et seulement ainsi, les conditions politiques favorables à sa perspective générale.
Après la victoire du fascisme en Allemagne, il préconise la fondation d'un nouveau parti dans le but de régénérer l'I.C., pour assumer la défense de l'État russe contre l'impérialisme. Maintenant encore, le camarade Trotsky préconise la fondation des nouveaux partis et d'une nouvelle Internationale pour défendre l'U.R.S.S. activement. Or, toute la perspective du camarade Trotsky, si l'on en juge par les expériences vécues, est totalement démentie par les évènements. En effet, c'est après la défaite du prolétariat mondial en Allemagne, en février dernier, que s'est ouverte la phase des rapports les meilleurs entre les États capitalistes et l'État soviétique. L'on pourra nous répondre qu'il ne s'agit là que d'une phase absolument passagère et que nous assisterons demain au bloc universel contre l'État russe. Qu'il ne s'agisse pas d'une phase passagère, cela est prouvé par le fait que l'État russe consolide ses positions économiques, stratégiques et politiques, juste au moment ou le prolétariat mondial se voit repoussé par l'offensive de l'ennemi. Mais, en dehors de l'analyse de la situation actuelle, la perspective du camarade Trotsky doit être confrontée avec des données plus générales.
L'État russe a représenté le pôle de concentration du prolétariat mondial tant qu'il s'est basé sur le programme du socialisme international. Nous entendons par là, non pas un attachement idéaliste à ce programme, mais la concentration des luttes de classes du prolétariat mondial autour de la lutte de l'État russe pour la révolution mondiale et pour la construction du socialisme en Russie. La victoire du programme du socialisme dans un seul pays comporte le déplacement de l'État russe qui devient un obstacle, et pour la lutte du prolétariat russe, et pour la lutte révolutionnaire du prolétariat des autres pays. Les évènements d'Allemagne ont vérifié ce déplacement de l'État russe d'une façon lumineuse: les notions politiques du national-bolchévisme, du social-fascisme, toute la théorie de l'Opposition Syndicale Révolutionnaire qui met le parti en dehors du mécanisme de la lutte des classes, toutes ces notions ont été introduites parmi le prolétariat allemand par la bureaucratie centriste, qui s'est emparée de l'État russe en 1927.
Le rôle révolutionnaire de l'État russe ne découle pas de la nature prolétarienne de cet État, mais dérive de la politique qu'il applique dans le domaine national et international. Ainsi, la politique du centrisme a culbuté l'État russe de son rôle révolutionnaire en un rôle réactionnaire. Que la nouvelle position prise par l'U.R.S.S. dirigée par le centrisme, ne bouleverse pas ses caractères de classe, cela est chose parfaitement claire pour les marxistes qui ont été éduqués par les expériences des partis de la Deuxième Internationale et qui ont compris que la bureaucratie syndicale ne bouleverse pas le caractère de classe des organisations syndicales.
Seulement, une différence très importante existe entre l'État et le syndicat. Celui-ci est un organisme de lutte fondé sur l'adhésion volontaire du prolétariat, tandis que l'État est un organisme qui contrôle le mécanisme productif et possède des moyens de coercition violents à l'égard des prolétaires qui continuent la lutte pour le communisme. Pratiquement, cette différence s'exprime, à notre avis, par deux attitudes différentes que doivent tenir les marxistes. En face d'une attaque fasciste, nous devons réaliser le front unique avec la social-démocratie pour défendre l'organisation syndicale contre les attaques de l'ennemi. Des exemples de ce genre se sont vérifiés lors de la montée du fascisme en Italie, alors que le parti était dirigé par le courant de gauche, dont notre fraction prétend être la continuation.
Mais l'État, sous la direction de l'opportunisme, prend place parmi les forces de la réaction et oblige, par la violence, les prolétaires à appuyer sa politique. Et cela parce que l'État, à la différence du syndicat, se relie directement à l'appareil productif. S'ensuit-il que l'on doive proclamer la nécessité du deuxième parti, d'une deuxième révolution, et qu'il faille prendre les armes contre le centrisme qui s'est accaparé de la direction de l'État prolétarien? Oui, pour ceux qui considèrent la lutte politique comme étant le résultat de la bagarre entre partisans de conceptions opposées. Non, pour les marxistes, qui basent leur action sur les principes de la lutte de classe.
Le centrisme usurpe la direction de l'État prolétarien et cela prouve la faiblesse du prolétariat russe et mondial pour sauvegarder la fonction révolutionnaire de l'État. Le prolétariat russe peut reconquérir sa force en construisant sa fraction de gauche qui, seule, assume la continuité de la vie de la classe. Si, formellement, et suivant les «canons» de l'idéalisme, l'oppositionnel doit opposer les armes à la violence de l'opportunisme qui déporte et assassine des communistes, du point de vue marxiste le prolétariat luttera pour forger l'organisme qui saura attendre l'occasion propice afin de livrer la lutte qui puisse reconquérir l'État russe à la classe ouvrière.
Que l'État dirigé par le centrisme se soit classé parmi les forces de la réaction, cela est prouvé par le rôle qu'ont joué les partis communistes dans les différents pays et en Allemagne notamment. Cela n'est nullement démenti par les succès de l'industrialisation en U.R.S.S. Ceux-ci ne sont pas des moments de la lutte du prolétariat russe pour la construction du socialisme. En effet, la plus-value sera désormais utilisée pour obstruer la lutte révolutionnaire dans les différents pays et sera demain utilisée dans la mobilisation du prolétariat afin de le faire participer à la guerre dans l'une des constellations impérialistes.
En définitive, les marxistes auraient dû faire découler leur position envers l'État russe d'une considération d'un État défiguré dans sa fonction historique par le centrisme. Pour cela, ils devaient appuyer la lutte que menait la fraction de gauche du P.C.R. Au lieu d'opposer le dilemme: capitalisme contre l'État russe dirigé par le centrisme, il fallait opposer le dilemme réel: impérialisme contre fraction de gauche du P.C.R.
Il est profondément regrettable que le camarade Trotskv ait abandonné la position qu'il avait prise en 1927, lorsqu'il évoquait l'expérience Clémenceau, pour adopter cette autre position politique qu'il défendit lors de l'attaque chinoise contre le chemin de fer de l'Est Chinois. Tout récemment encore - après la défaite allemande - le camarade Trotsky affirmait que la gauche, à la direction de l'État russe, ne pourrait qu'appliquer une politique analogue à celle de Staline.
La victoire du centrisme et le développement de sa fonction rendent de plus en plus improbable l'hypothèse de la lutte universelle du capitalisme contre l'U.R.S.S. Mais, même si cela devait se vérifier la place du prolétariat russe et mondial serait aux côtés de la fraction de gauche et non aux côtés du centrisme qui, lors de la guerre, en arriverait à la conclusion inévitable de sa politique, mettant directement en jeu les caractères prolétariens de l'État.
Le camarade Trotsky préconise également la fondation d'un deuxième parti en Russie. Or, les conditions pour un deuxième parti consistent dans la modification de la nature prolétarienne de l'État russe: les partis se fondant sur un programme dirigé vers la destruction de l'État. En outre, la dictature du prolétariat est inconcevable avec la présence de deux partis.
Les Oppositions n'ont même pas abordé les problèmes très difficiles de la construction d'une fraction de gauche du P.C.R., de ses rapports avec les organisations syndicales et les soviets, et cela en présence du danger réel que l'ennemi de classe ne profite de cette lutte contre le centrisme pour reconquérir la Russie à sa domination. Notre fraction elle-même n'a fait qu'aborder ces problèmes et, à l'heure actuelle, elle n'a pas encore réussi à leur donner une solution positive. Pourtant, il s'agit là d'une des tâches historiques des fractions de gauche des partis communistes.
Le camarade Trotsky, en jetant l'interdit, au sein de l'Opposition Internationale, contre tous ceux qui osaient mettre en doute la position qu'il défendait vis-à-vis de l'U.R.S.S., a rendu la solution de ces problèmes bien plus difficile. D'autre part, les militants qui s'évertuent à affirmer que l'État russe n'est plus un État prolétarien et qu'il se serait transformé, en nous ne savons pas quoi, ne parviennent à réaliser aucun progrès de la lutte de la classe ouvrière. Au contraire, puisqu'ils sautent tous les obstacles qui sont à la base de l'analyse marxiste de la première expérience d'un État prolétarien, et d'un État conquis par l'opportunisme, ils acquièrent ainsi une paix intérieure a bon marché et s'interdisent la lutte pour la construction de la fraction.
Les fractions de gauche ont le devoir d'alerter le prolétariat du rôle qu'a déjà joué l'U.R.S.S. dans le mouvement ouvrier, d'indiquer d'ores et déjà l'évolution que prendra l'État prolétarien sous la direction du centrisme. Dès maintenant, la désolidarisation doit être flagrante avec la politique imposée par le centrisme à l'État ouvrier. L'alarme doit être jetée parmi la classe ouvrière contre la position que le centrisme imposera à l'État russe non dans ses intérêts, mais contre ses intérêts. Demain, et il faut le dire dès aujourd'hui, le centrisme trahira les intérêts du prolétariat.
Une telle attitude vigoureuse est de nature à réveiller l'attention des prolétaires, d'arracher les membres du parti à l'emprise du centrisme, de défendre réellement l'État ouvrier. Seule, elle mobilise des énergies pour la lutte qui gardera au prolétariat Octobre 1917.

Bilanº1

Noviembre de 1933

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